30 juin 2021

Dans la série « Le Collectif c’est nous », ce mois-ci, portrait d'Isabelle, la « geek des chèvres »

Au commencement, étaient les AMAP

Pour Isabelle, traductrice de formation, tout commence par les AMAP. Il y a plus de dix ans, sur les conseils de son frère, engagé au sein du réseau, elle rejoint le groupe en AMAP "Les Lapereaux des Thermopyles", porte de Vanves, où elle rencontre d’ailleurs une certaine Mathilde (devenue salariée du réseau) et un certain Laurent (devenu depuis administrateur). Elle participe à une journée à la ferme et apprécie ce moment de convivialité bienvenu. Pour Isabelle, originaire de Toulouse, la vie en région parisienne peut être un peu solitaire. L’AMAP, c’est un lieu d’échange, de rencontre, et puis le projet de soutien aux paysan.nes sonne juste pour cette petite-fille d’éleveurs du sud-ouest.

Isabelle en session de dégustation de ses ketchups lactofermentés

"Un jour, j'aimerai être paysan." "Ok!"

Et puis un jour Abdenour, son amoureux, devient président de l’AMAP et participe à une formation du réseau « Animer son partenariat », et là, il rencontre Laurent Marbot (voir son portrait ici) et de retour chez lui, s’écrie : « Un jour, j’aimerais être paysan ! ». Du « et pourquoi pas ? » initial à l’installation, voici les quelques jalons d’Isabelle. Comme elle est à son compte, et travaille depuis chez elle, l’idée de soutenir le projet d’Abdenour lui paraît évidente. Dès le départ, c’est catégorique, pas de végétal : elle a l’impression que les maraîcher.es qu’elle connaît ne font que se plaindre de la météo et travaillent contre la nature. Les chèvres, c’est mignon et sociable, et ça ne se plaint pas de la pluie. Pendant qu’il va se former en Ardèche dans la meilleure école pour les chèvres, le CFPPA du Pradel, Isabelle s’inscrit dans une formation « poules pondeuses », en se disant « comme ça j’aurai ma petite basse-cour, ce sera ma petite contribution au projet ». Elle se prend de passion pour ces animaux, mais comprend que l’atelier chèvre est un gros boulot, et remise ses poules à plus tard. Abdenour quitte son boulot et devient ouvrier agricole tout en passant son BPREA. Il se forme dans une ferme des Yvelines, la ferme de la Noue, qui vient de lui vendre son tout premier troupeau de 28 chevrettes.

L'installation à Toussacq, une idée qui coche toutes les cases

Entre temps, l’atelier chèvres de Toussacq a eu besoin d’un coup de main, Abdenour y est allé, puis Isabelle en renfort. Et l’idée de s’installer là-bas a émergé. Cette idée rassemble en effet de nombreux avantages : elle permet d’accélérer le processus puisque certaines infrastructures sont déjà en place ; elle offre un cadre rassurant et solidaire pour une profession peu représentée dans la région (difficile d’emprunter un tracteur quand on est un petit éleveur entouré de grands céréaliers), elle résonne avec les convictions d’Isabelle, pour qui la terre n’est pas un bien privé. En rejoignant la coopérative, on s’inscrit dans un projet collectif, qui nous lie avec d’autres, présents et futurs.

D'abord Salsifis et ses dames, et ensuite, 1000 autres projets !

La grande migration des Yvelines à Toussacq aura lieu le mois prochain. Là-bas, les chevrettes auront dix hectares de pâturages, avec de l’engrais vert à boulotter. C’est un plaisir ultime pour Isabelle que cette maîtrise complète de l’alimentation de ses bêtes : elle peut même commander leur nourriture en demandant au paysan céréalier sur place d’organiser ses rotations en fonction des besoins du troupeau. Le bouc Salsifis entrera en action dès septembre pour s’occuper de ces dames (un bouc pour 28 dames). La transformation débutera en début d’année prochaine : au programme, fromages lactiques, tomes, fromage blanc, lait frais, et viande (saucisses, terrines, viande hachée). Pour ce qui est de la viande, Isabelle est une fervente partisane de l’abattage mobile, pour respecter le travail des paysan·nes en leur permettant d’accompagner leurs bêtes jusqu’au bout, en évitant le stress du transport, en les laissant entre elles, dans leur milieu familier. C’est donc l’assurance d’un abattage qui prend au sérieux le bien-être animal. Pour le moment, en attendant les futurs abattoirs mobiles franciliens, elle passe par un prestataire qui emmène les bêtes se faire abattre à 4 h de route de la ferme. Plus tard, elle voudrait aussi des cochons pour les engraisser avec le lactosérum de ses chèvres et deux vaches, pour faire des yaourts et de la crème et pour nourrir ses chevreaux avec leur lait. Et puis des poules, bien sûr, bientôt. En attendant, elle vient d’imaginer un atelier 100 % coopératif : elle va bientôt pouvoir proposer à certains groupes AMAP de tester son ketchup élaboré à partir des tomates « moches » qui ne finissent pas dans les paniers de Moussa, de lactosérum de ses chèvres, d’épices et de miel. Premiers pots pilotes cet été ! Ouais !

L'investissement au Réseau comme une évidence

Isabelle est arrivée au réseau en passant par la réunion en visioconférence proposée cette année pour présenter ce que signifie devenir administrateur.ice. Elle a adoré l’accueil enthousiaste qui lui a été réservé. Elle est heureuse de participer à cette dynamique et de s’impliquer parce qu’elle se sent redevable au réseau de l’avoir accompagnée et formée. Elle a commencé sur les chapeaux de roues, en intervenant à la radio et dans une réunion avec la présidente de Région. Elle vient d’intégrer le groupe de travail « élevage » du Miramap. Elle se sent à sa place et alignée, et nous, eh bien, on se sent honoré·es. Bienvenue à toi, grande chevrière et longue vie à tes projets !

Par Maud, administratrice du Réseau

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