28 juin 2019

Jemma ou « Comment atterrir tout doucement »

De Paris au monde agricole

Jemma est la nouvelle salariée de l’association Abiosol. Elle a pris la suite de Lucie (qu’on vous présentait ici), qui a elle-même pris la suite d’Anne au Réseau sur le poste d’animation des fermes.


Recrutée au printemps dernier, elle se présente comme une parisienne pur jus, citadine dans l’âme, que rien à priori ne destinait à se préoccuper de questions agricoles. Elle date le début de son questionnement existentiel à son année de première, qu’elle a redoublée. C’est là que la question de son utilité et celle de l’état de l’environnement ont commencé à la tarauder. Elle fait une licence d’économie, se spécialise en économie environnementale, part en Erasmus en Allemagne, et entame un travail de recherche sur le Cambodge autour de l’extraction de l’hévéa. Consciente de l’injustice selon laquelle les pays en développement subissent les conséquences de l’industrialisation des pays développés, elle décide d’orienter ses recherches vers ces contrées éloignées de la vieille Europe. Elle entame un Master 2 à Clermont en Développement Durable, spécialisation « Pays en Développement » et travaille sur les questions de sécurité alimentaire, agriculture et changement climatique. Dans ce cadre, elle fait un stage en France pour évaluer les services climatiques de la forêt et de l’agriculture. Et en ressort abasourdie par l’indifférence totale des acteurs de ces secteurs face aux impacts climatiques de leur activité. Elle se dit que finalement, il y a aussi du travail en France, et devient bénévole chez Sol, une organisation de solidarité internationale qui appuie des initiatives créés pour et par des organisations locales d’Afrique, d’Asie et de France sur le long terme.


Elle entre dans un bureau d’étude et travaille sur l'implantation d'un projet d’agriculture péri-urbaine dans le parc départemental du Sausset. Elle apprend là les rouages d’un appel à projet, l’analyse de la viabilité économique, la mécanique des subventions. Puis réalise que le monde rural lui reste inconnu et s’engage pour un service civique auprès de l’Adasea de la Marne, au sein de la cellule Réagir, qui accompagne les paysan.ne.s en difficulté. Dans la Marne, ce sont majoritairement des céréaliers, en conventionnel, affiliés FNSEA. « Je voulais voir ce que je critiquais de loin ». Le constat est assez démoralisant, à la fois par les situations, parfois tragiques de ces paysans, et par leurs croyances, ancrées, qui lui font comprendre « pourquoi ça ne change pas ».

Vers l'accompagnement des nouveaux·elles paysan.ne.s

C’est de cette expérience que naît l’envie d’agir auprès de « néo-paysan.ne.s » plus enclins à accepter le changement et concevoir une agriculture nourricière et respectueuse du vivant. Depuis qu’elle est en poste, elle s’émerveille de pouvoir suivre et accompagner des projets concrets en abordant toutes les complexités de l’installation et en assurant la viabilité de ce grand tournant. Des réunions d’accueil à la formation « De l’idée au projet », la « synergie des quatre structures m’époustoufle ».

De sa pratique d’accompagnement, elle dit joliment que, face aux rêves et ambitions des porteur.se.s de projet, il faut savoir rappeler certains principes de réalité mais sans les décourager pour « les faire atterrir doucement ». Revenir sur terre et à la terre, c’est bien l’objectif. Un objectif pour Jemma aussi, puisqu’elle caresse elle-même le doux rêve de s’installer un jour en collectif « avec des copines », c’est une envie qui mûrit tranquillement, elle n’est pas encore prête pour ce changement de vie.

Par Maud, administratrice du Réseau

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