28 juin 2019

Des nouvelles des arboriculteurs et arboricultrices en AMAP


Le constat est le même chez de nombreux.ses arboriculteur·trice·s d'Ile-de-France : la saison 2019 va être compliquée et peu productive !

En effet, cette année encore, il a gelé à la mi-avril et en mai, les pertes chez certain·e·s arboriculteur·trice·s sont considérables dans les vergers. Avec la prédominance d'un temps très doux depuis la fin de l'hiver et un excédent d'ensoleillement en mars lié à de longues périodes sèches, la végétation avait pris de l'avance en mars. En avril, les nuits ont à nouveau été très fraîches et l'avance prise par la végétation a été mise à mal par de nombreuses gelées.


Toutes et tous s’accordent à dire que c’est difficile, surtout après 2017. Il y a une urgence à se regrouper, s’accrocher et se demander comment innover et inventer des systèmes viables. Les arboriculteur·trice·s sont d’accords, les consommateurs ont des difficultés à appréhender la gestion et les aléas dans un verger. Malheureusement ces dernières années ont été négatives, certain·e·s ont déposé trois dossiers calamités* en 4 ans.

Nous livrons ici quelques témoignages compilés de différent·e·s arboriculteur·rice·s en AMAP :

Du côté de chez Dominique et Jean-Marc Gaillard, les dégâts devraient être moins considérables qu’en 2017. Les frères cultivent 22 hectares en arboriculture et petits fruits. La ferme se transmet depuis 4 générations, il y a 50 ans il n’y avait que 2 hectares. En 2006 la commercialisation en AMAP puis le passage en agriculture biologique a permis à la ferme de continuer à exister. La moitié de leur production est commercialisée en AMAP. Les petits fruits n’ont pas été touchés par le gel, la diversification sur l’exploitation permet d’assurer sur une partie de la production et d’assurer un revenu.

Pierre-Marie Fahy (à Jutigny dans le 77) a repris le verger de Bernard Vincent il y a un an, pour une année de reprise ce sera catastrophique, 75% de perte la nuit du 13 au 14 avril, puis 20% de perte supplémentaire la nuit du 4 au 5 mai, 95% de perte sur les pommiers et un peu plus de 50% sur les poiriers. Pierre Marie ne se décourage pas mais se pose des questions, comment faire face aux échéances financières, communiquer avec ses amapien.ne.s et trouver des solutions pour la saison…

Quant au jeune verger de Julia Fouillard, elle pense avoir la chance d’avoir une partie en coteau : sur la partie basse, il n’y aura aucun fruit et sur la partie haute, sûrement quelques poires. Au moins 50% de perte au global. Il semblerait que les variétés plus précoces soient mieux passées à travers le gel. Julia a planté des cognassiers et des rhubarbes pour diversifier ses futurs paniers.

Chez Arnaud Gronfier, le verger a été inégalement touché par le gel, subi à plusieurs reprises ces dernières semaines. Là où il a pu, il a disposé des ballots de paille qu’il a fait brûler, qui paraissent avoir eu un effet sur les arbres les plus proches. Les pommes à couteau ont davantage été impactées que celles à jus, malgré leur situation plus favorable. De plus, les attaques d’anthonomes et la grêle subie le week-end des 11 et 12 mai laissent présager une forte diminution de la récolte 2019 par rapport à 2018.

Enfin chez Peggy Lisart, les vergers ont entre 4 et 5 ans, il y a une perte quasi-totale des pommes, ça devrait être mieux pour les poires. Peggy souligne bien que la différence avec les autres productions, c’est qu’eux peuvent tout perdre en une nuit si le gel est féroce.

Beaucoup de questions restent en suspens pour certain·e·s :

- Comment trouver un équilibre vie pro/vie perso en atteignant un équilibre économique ?
- Comment accompagner les nouvelles installations car les vergers disparaissent et à ce rythme il n’y aura plus d’arboriculteur·rice·s en IDF dans quelques années ?
- Quels rôles des collectivités ?
- Quels dimensionnements de projet ?
- Comment faire face au gel, sans que les investissements soient considérables, et en restant en accord avec le projet ?

Pourtant chacun·e·s d’entre eux/elles semblent trouver des solutions qui permettent d’avancer :


1. La communication avec les groupes AMAP, leur soutien, la transparence et la pédagogie permet une meilleure compréhension de ce qu’il se passe dans un verger et d’accepter de soutenir les aléas.
2. La diversité des variétés de fruits : les fleurs ne fleurissent pas toutes à la même saison, donc les boutons ne sont pas tous sortis en fonction de date des dernières gelées
3. Une diversité d’espèces de fruits : rhubarbe, cognassier, mirabelle, cerise permettent de mieux faire aux aléas.
4. Un verger éclaté, les parcelles permettent parfois d’avoir des ilots, en fonction de leur emplacement, ça peut réduire les dégâts.
5. L’accompagnement des institutionnelles
6. Être vigilant sur les initiatives prises par les départements et communauté urbaine en faveur des paysan.ne.s

Mais que font les arboriculteur.trice.s en AMAP en mai et juin ?


- Gestion de la tavelure : La tavelure est une maladie du pommier et poirier causé par deux champignons qui s’en prennent aux feuilles et aux fruits. Ce sont des petites taches brun olivâtre (des spores) qui se rependant par temps humide. Les traitements contre la tavelure sont souvent effectués après la pluie. La protection contre la tavelure est assez variable selon les fermes : Certain.e.s utilise de la bouillie Nantaise (sulfo-calcique), du cuivre et du soufre, du bicarbonate de potassium entre autres pour stopper la germination des spores.
- Gérer les attaques de carpocapse :
Les carpocaspse sont des papillons qui pondent dans les fruits, les larves s’y développent ensuite : Il décolle au crépuscule quand la température atteint 16 °C (mai à septembre) et pond sur les feuilles, les tiges ou l'œil des fleurs fécondées. La larve pénètre souvent dans le fruit par l'œil mais pas toujours.
Pour lutter : mise en place de pièges et application de carpovirusine (virus protège les fruits en éliminant les larves de papillon). Certain.e.s producteur.trice.s pratiques la confusions sexuelles.
- Maîtriser l’enherbement autour des arbres
, de façon mécanique ou en introduisant des moutons par exemple. Paillage autour des arbres.
- Si le verger est encore jeune continuer de tendre les fils et finir d'attacher le jeune verger.
- Surveiller les dégâts du zeuzère (élégant papillon nocturne, c’est un xylophage mangeur de bois, les chenilles creusent des galeries dans les branches, une seule chenille suffit à tuer un jeune arbre).
- L’éclaircissage des arbres, au moins cette année il n’y aura que très peu d’éclaircissage à faire.
- Apport de fumier en fin d’hiver, un peu en retard, fumier de poules.
- Cueillettes des fruits (cerises).
- Surveillance habituelle des vergers et du développement des auxiliaires
- Irrigation.

Vous l'aurez compris, le tâches sont nombreuses au printemps, et les récoltes pas toujours des plus encourageantes ! Le moment est sans doute bien choisi pour faire jouer la solidarité amapienne avec les paysan.ne.s, et rappeler qu'il est particulièrement important de continuer à développer cet esprit avec tous les types de productions !


Par Lucie, salariée du Réseau

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