26 nov 2019

Retour d'expérience : inclure tou.te.s les amapien.ne.s dans le choix d'un nouveau partenaire maraîcher

Ferme urbaine ou exploitation en cœur de campagne ? Projet soutenu par une municipalité, ou exploitant à son compte ? Maraicher novice en reconversion professionnelle ou bien ancien employé maraîcher expérimenté ?

Tel est le choix auquel ont été confrontés en cette fin du mois d’octobre 2019, les 50 adhérents de l’Amap Ménil'sème. Chercher un nouveau maraicher en prenant le temps et offrir la possibilité de choisir aux Amapiens, tel a été notre souhait et nous y sommes parvenus. Retour sur nos grandes étapes de travail.

L’idée générale de ce projet était de pouvoir effectuer plusieurs visites de producteurs et d’en proposer au moins deux aux Amapiens afin qu’ils participent au choix final.

Quels maraîchers contacter ?

C’est avec un petit groupe de huit personnes motivées et un peu de méthode que nous avons commencé à passer quelques coups de fil et collecter les premières informations. Visite et contact d’AMAP de l’Est Parisien, contacts transmis par le Réseau AMAP Ile-de-France et par notre producteur du moment, toutes ces sources ont été très utiles à l’élaboration de notre première liste de 10 fermes, dont 6 ont été visitées entre août et septembre. Les visites ont été réalisées par groupe de 2 ou 3 personnes. Les rencontres ont été des moments privilégiés où l’humain reprend toute sa place. Dans la narration du parcours de chacun, on retrouve vite chez les producteurs qui souhaitent travailler en Amap, ce désir d’harmonie entre un mode de vie respectueux de soi et de la nature et un projet professionnel réfléchi et construit, pérenne dans le temps. Lors des échanges avec eux sur place, le travail de la terre devient plus concret pour nous citadins. L’explication des techniques de maraîchage, de conservation des légumes, de lutte contre les nuisibles commence alors à prendre tout leur sens.

Sur quels critères choisir un maraîcher ?

Il n’est jamais évident d’identifier d’entrée de jeu les bons critères de choix.

1er critère : le LABEL AB. Bien qu’il soit possible de respecter les conditions de production de la culture biologique sans avoir de label, tous les producteurs contactés avaient ou étaient en passe d’obtenir le label AB.

2ème critère : La proximité. Pour un système qui privilégie le circuit court nous pensions bien-sûr à privilégier des producteurs en Ile-de-France mais cela n’a pas été exclusif, seuls les trajets de plus de 2 heures de route ont d’emblée été écartés. Les solutions visant à limiter l’empreinte carbone étaient systématiquement étudiées.

3ème critère : La fiabilité et les particularités du projet. Qu’il s’agisse de personnes qui démarrent dans le métier ou de personnes ayant déjà une expérience solide, la fiabilité du projet a été centrale. C’est dans cette optique que les rencontres et visites sur place ont pris toute leur importance. Que ce soit le projet dans sa globalité, les techniques de maraîchage utilisées, les projections dans l’avenir, la personnalité de la ou des personnes impliquées étaient autant d’éléments qui nous donnaient une idée de la fiabilité et du sérieux du projet. Dans une démarche à long-terme, nous avions besoin d’être rassurés. Venaient ensuite les spécificités de la terre, les variétés cultivées, les productions annexes comme les fruits ou les œufs, etc.

4ème critère : La disponibilité et le facteur humain. Que ce soit sur le fait de trouver une entente sur le jour de livraison, les horaires, le mode de livraison/distribution et les possibilités de rencontre dans l’année, tous ces points ont été abordés en tenant compte des contraintes des deux côtés.

Bien communiquer auprès des Amapiens et les inclure dans le choix final

Deux profils de projets ont ainsi été retenus : un ouvrier maraîcher expérimenté qui se met à son compte avec son épouse d’un côté et deux cousins en reconversion professionnelle de l'autre. Les deux projets méritaient tout autant l’un que l’autre d’être soutenus, mais le premier avait déjà été choisi par de nombreuses Amap ces derniers mois.

Pour faciliter le choix des Amapiens, nous avons élaboré, grâce aux compétences d’une graphiste du groupe, deux fiches de présentation de chacun des deux projets. Ces fiches, synthétiques mais complètes, ont été minutieusement relues et corrigées le cas échéant par les deux producteurs.

Puis une Assemblée Générale spécifique a été organisée afin de procéder au vote final. Quelques jours en amont, les Amapiens qui ne pouvaient être présents à l’AG ont eu la possibilité de voter en ligne (sans divulgation des résultats avant le vote de l’AG).
Les adhérents de l’AMAP se sont sentis concernés et se sont saisis de cette possibilité d’exprimer leur choix avec une participation de 32 votants sur 50 adhérents. Sans concertation préalable, une tendance majeure s’est exprimée vers les deux cousins qui démarrent leur activité de maraîchers. Notre vocation d’AMAP à soutenir les exploitants les plus vulnérables était claire pour nous tous !

L’investissement du groupe mobilisé en amont pour aboutir à ce choix largement partagé a été important mais la satisfaction a été grande d’avoir trouvé un producteur qui a réuni un large suffrage parmi les amapiens ! Une véritable démarche collégiale et participative conforme aux valeurs de l’AMAP !

Cette pratique demande certainement plus d’investissement et de moyens mais elle a l’avantage de créer plus de lien entre les amapiens et de les rendre davantage acteurs des grandes orientations de l’AMAP. Cette aventure nous a permis de rencontrer plusieurs producteurs et de créer du lien entre nous, une valeur centrale que nous apprenons sans cesse à bien cultiver !

Par Charlotte et Alice, amapiennes de Ménil'sème

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