29 juil 2020

AMAP étudiantes ou systèmes de paniers pour étudiants : goûtez la différence !

D’après une enquête portant sur 2018-2019

Je m’étais amusé entre mai et juillet 2019 à recenser les associations gérant une AMAP étudiante ou un système de panier pour étudiants, afin de récolter des informations pour nourrir un futur article (une trentaine de réponses obtenues pour une soixantaine de questionnaires envoyés). Ce matériel était resté inexploité à l’époque, et le confinement de 2020 a été l’occasion de me replonger dans le dossier.

Quelques précisions sur la terminologie, d’abord.

Dans n'importe quel système de paniers (de légumes ou autres produits), rien n’empêche l’association (ou la structure) qui constitue le dernier intermédiaire avant le consommateur final de rajouter un montant financier au prix auquel il a lui-même acquis le panier déjà complet ou bien les différents produits qui le composent. Notons que l’on peut aussi relever des cas où ce « panier » est revendu à un tarif inférieur à celui qu’il a rapporté à son ou ses producteurs, grâce à une subvention (souvent motivée par des raisons sociales et/ou des préoccupations sanitaires). Ces paniers de légumes, de fruits et/ou de produits alimentaires ne sont pas tous portés par des associations étudiantes. La commande passée peut être seulement ponctuelle. L’association ou l’intermédiaire se charge de collecter les fonds pour payer les paniers commandés en son nom.

A l’inverse, comme chacun sait, en AMAP, le « mangeur » est déjà propriétaire du panier lorsque celui-ci lui est livré (chaque semaine, en principe), car il s’est engagé sur la durée et a pré-payé en même temps une production aléatoire et dont le contenu exact ne peut être connu à l’avance lors de la signature du contrat avec le paysan. Ce contrat signé matérialise un véritable partenariat avec un producteur personnellement connu du consom’acteur. L'argent ne doit pas transiter par l'AMAP. A noter qu’il est possible de partager un panier avec un « co-panier », ou qu’il peut exister plusieurs tailles de paniers (panier « coloc » plus abondant, par exemple). Et, bien sûr, les amapiens adhèrent à la Charte des AMAP et aux valeurs portées par le mouvement des AMAP depuis 2001.

Même en AMAP, on doit pourtant (re)connaître la spécificité du public étudiant. Il est « volatil » en fonction de la durée de ses études dans un même établissement d’enseignement supérieur. Sa présence y est entrecoupée par les périodes de congés universitaires ou de stages en entreprise ou autres. Les contrats ont donc une durée courte et toute l’année civile n’est pas couverte. L’étudiant a souvent des revenus réduits et a rarement une famille à nourrir (petits paniers à petits prix). Certains sont très motivés par l’engagement et le militantisme tandis que d’autres ne souhaitent pas perdre de temps en s’impliquant dans une association. Il peut être difficile de les mobiliser pour une rencontre avec le paysan. La transmission d’expérience d’une année sur l’autre s’avère parfois aléatoire au sein de l’association étudiante. La question des moyens de paiement reste cruciale (tous les étudiants sont loin de disposer d’un chéquier).

Voyons maintenant ce qu’il en était de ceux qui m’avaient renvoyé un questionnaire rempli l’an dernier (données de l’année 2018-2019, et non 2019-2020 ni a fortiori 2020-2021).

Quelques exemples d’AMAP étudiantes en Ile-de-France

A Sciences Po Paris, l’AMAP Sciences Potirons a demandé conseil au Réseau sur les possibilités de sécuriser le paiement des livraisons de légumes aux producteurs par les étudiants. En l’absence de chèques, la tentation était forte de faire centraliser ces règlements par l’association PAVéS au sein de laquelle fonctionne le « groupe en AMAP », ce qui n’est pas possible (en AMAP). Du coup, la Présidente de l’époque songeait à fédérer d’autres associations étudiantes autour de leurs souhaits communs de soutenir l’agriculture paysanne et de fournir des paniers de légumes aux étudiants. Elle s’était rapproché des AMAP d’autres Grandes Ecoles en Ile-de-France (LegUlm à l'ENS rue d’Ulm) ou en Université (ETAL à Nanterre).

Des systèmes de paniers pour étudiants disponibles en IDF

En dehors de celles qui revendiquent l’adhésion aux valeurs amapiennes, d’autres associations étudiantes couvrent aussi le « créneau » des paniers de légumes pour étudiants. Je peux citer, à Paris, la Cagette des étudiants, fonctionnant à la MIE (75003), les paniers bio de SOLEM à la fac de Médecine de l'Université de Paris, ou les paniers proposés par l'association LUPA à Jussieu (Sorbonne Université). Leurs services sont parfois proposés aussi aux enseignants et au personnel administratif des campus. En Grande Ecole existent notamment La Charrette à l'ENSAVT (Ecole d'architecture à Champs sur Marne, 77), ou l'épicerie locale, solidaire et éthique (ELSE) à l'Ecole Polytechnique à Saclay (91) qui propose aussi bien des fruits et légumes que des paniers AMAP grâce au soutien logistique de l'AMAP « classique » locale Les Jardins de Cérès. Enfin, j'ai entendu parler de paniers bio proposés par le BDE d'AgroParisTech (75), mais je n'ai jamais reçu de réponse de leur part.

D’ailleurs en France (AMAP & Systèmes…)

A partir de ce que j’avais récolté à Paris (l'IDF représentait près du quart des 58 associations identifiées), j’ai labouré systématiquement dans trois directions : les IEP (« Sciences Po »), les Facultés de médecine, les Ecoles d’ingénieurs agri ou agro. En plus, j’ai utilisé des moteurs de recherche avec des mots-clés et vérifié alors chaque item trouvé. J'ai ainsi découvert des AMAP étudiantes ou des systèmes de paniers pour étudiants aux noms aussi imaginatifs ou évocateurs que les AMAP Petit Pieds (44), Noisettes croquantes (86) ou La Distrib des Gros Colis (69). En systèmes de paniers, on peut avoir Les pieds sur terre (59), Cac'Carotte (60), les paniers de Planet&Co (69), etc. Le département du Rhône compte à lui seul une dizaine d'associations actives (6 AMAP et 4 autres systèmes). Ceci est sans doute à mettre en perspective avec le travail accompli par le réseau des AMAP Auvergne-Rhône-Alpes sur le sujet de l'alimentation des jeunes.

Tous les systèmes de paniers ne reposent pas sur les seules associations étudiantes. On peut trouver des Services de santé universitaires (SSU) qui subventionnent des paniers de légumes accessibles aux étudiants à petits prix, en salarient des ERS (étudiants relais santé) pour en assurer la promotion et rédiger des recettes, comme à Bordeaux (33), à Lorient (29). A Clermont-Ferrand (63), les SSUpers paniers étudiants ont été mis en place via un partenariat tripartite entre le SSU, l'association étudiante LieU'topie et une entreprise créée par deux jeunes diplômés qui achète les produits des paysans locaux. Ailleurs, les paniers peuvent être fournis par des Jardins de Cocagne (entreprises d'insertion par le maraîchage), comme à Lille (59) ou à l'Université du Maine.



En conclusion, si une AMAP ou un système de paniers existe déjà dans l'établissement, il a sûrement besoin, pour fonctionner au mieux, de mangeurs fidèles, mais aussi de nouveaux bénévoles enthousiastes et dynamiques. Et même s’il n’existe pas encore ou plus d’AMAP sur le lieu d’études, j'aurais envie de dire à un étudiant: pour la créer, « retroussons-nous les manches et mets-toi au travail ! ». En IDF, pourquoi ne pas imaginer un événement pour réunir et informer un public étudiant motivé par le fonctionnement en AMAP ? Au moins, si c’est la souplesse d’un système de panier qui leur paraît préférable, ce sera en toute connaissance de cause et sans baptiser indûment « AMAP » ce qui n’en serait pas une.

Par David, AMAP Réunion / Père Lachaise (75011 / 75020).
https://amap-rpl.org/tag/la-toile-des-amap/


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