27 mai 2019

Double Entretien : Timothée Huck, Jardins de la Voie Romaine & Paul-Guy , AMAP de Montrouge

Comment tout a commencé

Timothée et ses équipes fournissent les groupes de Montrouge et de Clamart depuis respectivement 5 et 3 ans.
Timothée a commencé avec le jardin de Beaune la Rolande en 2010, une friche récupérée auprès de Vinci Autoroutes, et a mis la main ensuite sur une ancienne roseraie. Les deux sites, Jardin maraîcher du Beaunois et Roseraie de Morailles, sont maintenant regroupés sous une seule association baptisée Jardins de la Voie Romaine. En tant que membre du réseau Cocagne, les Jardins de la Voie Romaine en respectent la Charte, qui se décline comme suit : accompagner le retour à l’emploi, cultiver en bio, commercialiser auprès des adhérents, s’intégrer dans la filière agricole du territoire. d’ailleurs les Jardins de la Voie Romaine collaborent avec le GAB de leur région, en travaillant notamment sur l’expérimentation. Timothée nous a montré ses essais de patate douce et d’aubergines greffées sur des plants de tomates dans l’ancienne « Salle des mariages » de la roseraie (là où le rosiériste laissait les bourdons polliniser les plants qu’il voulait hybrider).

Le groupe de Montrouge s’est tourné vers les jardins d’insertion après le désistement de leur producteur de légumes. Et ce choix a été le résultat de vives discussion au sein du groupe. En s’associant avec un jardin d’insertion situé en région Centre, certes on soutient une démarche socialement positive, mais on n’oeuvre pas pour l’installation et l’autonomisation de fermes franciliennes. C’est la pénurie de fermes franciliennes et l’enthousiasme pour le projet porté par Timothée qui ont tranché.

Il faut dire qu’en soutenant les jardins de la Voie Romaine, le groupe AMAP ne soutient pas seulement un projet de réinsertion, mais contribue à la formation de dizaines de personnes et potentiellement à l’essaimage, puisque ceux et celles que l’équipe de Timothée accompagnent finissent parfois par s’installer aussi. C’est le cas d’Alexandre qui s’est installé comme maraîcher après un an et demi aux Jardins.

Photo de la serre des jardins de la voie romaine

Montrouge, c’est une centaine de contrats légumes, de janvier à septembre, avec un système astucieux de « contrat test » pendant trois mois aux alentours du Forum des Associations. Ainsi tous les candidats recrutés au forum peuvent tester la formule d’abonnement, et adhérer pour de vrai, pour une saison entière à partir de janvier.
Concrètement, les adhérents du groupe de Montrouge payent une double adhésion, à leur
groupe AMAP d’une part, et aux Jardins de la Voie Romaine, d’autre part, et celle-ci est incluse dans le prix du panier. Par ailleurs, l’AMAP de Montrouge propose 8 autres partenariat avec des producteurs.

L’association des Jardins de la Voie Romaine vit de subventions, qui financent l’activité de
réinsertion. Les Jardins s’inscrivent dans le domaine de l’IAE (Insertion par l’Activité
Économique), domaine soutenu par l’État (via le ministère du Travail). Les Jardins signent une convention de trois ans avec le ministère, qui implique un suivi et des exigences de
performance. Celles-ci sont encourageantes puisque 2/3 des personnes accompagnées par les Jardins ressortent avec un emploi, alors que la moyenne nationale est à 50 %. Ce que
l’association touche de l’état finance entièrement l’encadrement social, qui représente 70 % du budget de l’association, quand le maraîchage représente les 30 restants. Finalement, la vente des légumes permet d’équilibrer les comptes pour payer les permanents et financer l’encadrement technique, qui lui, n’est pas subventionné. On ne peut donc pas parler de concurrence avec les paysans du coin. 40 % de la production est écoulée en AMAP, et une cinquantaine de paniers supplémentaires sont encore nécessaires pour équilibrer les comptes.

Comment ça marche

Le prix du panier est calculé sur la base de la mercuriale. En effet pour éviter tout effet de
concurrence déloyale avec les autres acteurs de la filière, les Jardins s’engagent à aligner leur tarif sur celui du marché de gros de Rungis en bio. L’association a même instauré pour les adhérents une page intranet avec une grille listant le prix au kilo des légumes distribués chaque semaine et le prix du panier à l’année. Un système mis en place pour établir une transparence en phase avec les pratiques amapiennes, et qui s’avère désormais « dissuasif » : un simple coup d’oeil sur ledit tableau rassure les adhérents soupçonneux !
Les paniers sont livrés tout prêts dans des sacs en jute, qui sont récupérés et lavés. À
Montrouge, ils sont déposés dans la journée par les salariés dans un local fermé sur la place du marché, puis distribués dans la soirée par les membres du groupe AMAP. Certes les représentants de la ferme ne sont pas présents aux distributions, mais ils donnent des
nouvelles chaque semaine grâce à un petit bulletin, rédigé par une salariée des Jardins, et des rencontres avec les groupes sont régulièrement organisées, ainsi qu’une journée au jardin par saison.

A l’époque où on se parlait, un atelier « plantation et semis de tomates » était en préparation. Les deux groupes devaient se retrouver autour d’un apéro, et préparer ensemble les plants à partir des semis que Timothée leur apportait.

Par ailleurs, le groupe de Montrouge est très actif, puisqu’il mène en parallèle deux autres
projets : créer un jardin collectif pour les adhérents amapiens au coeur d’un jardin public (les négociations sont en cours avec la ville) et continuer de travailler avec le Secours Populaire pour fournir des paniers aux familles dans le besoin et les emmener au jardin (un projet financé grâce à la réserve parlementaire de leur député).

Conclusion: la solidarité, c’est contagieux !

Par Maud, administratrice du Réseau

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