Les Paniers de Longpont est une association fondée en 2009 par un collectif avec le soutien de l’équipe municipale dont un des engagements de campagne était le développement de l’agriculture biologique. Une fois les terres trouvées sur la commune de Longpont sur Orge, l’association a choisi le maraicher Eric Châtelet pour les cultiver : L’AMAP de Douvières s’est constituée en septembre 2010. En 2012, la mairie a déniché d’autres terres, ce qui a permis d’installer un nouveau candidat, ancien couvé d’Eric, Erwan Humbert, à la ferme des Prés Neufs.
Aujourd’hui l’association Les Paniers de Longpont rassemble ainsi deux groupes AMAP et plus de 300 adhérents, répartis entre les 2 fermes (dont une trentaine d’intermittents et une dizaine de sympathisants). Franck en est le président.
Eric est, avec Laurent Marbot et Anaïs Droit (en couveuse chez Laurent), à l’initiative du projet de la Ferme de l’Envol.

Un projet inédit

Le projet est porté par l’agglomération Cœur d’Essonne (avec le support de l’association Fermes d’Avenir) qui a acquis, en 2015, pour un euro symbolique, l’ancienne base aérienne de Brétigny sur Orge : la BA217, fermée depuis 2012.

La BA 217 vue du ciel

Sur ces 300 Hectares, Coeur d’Essonne décide d’en consacrer 75 à l’agriculture biologique dans le but d’alimenter en bio et local la population de l’agglomération. La proposition est celle d’une ferme en polyculture, résiliente et autonome : 15 Hectares en maraîchage (avec 1,5 Hectare de serres), 12 Hectares de céréales (pour un atelier boulangerie), 8 Hectares en pâturage (pour des bovins producteurs de fumier et non de viande!), 3 Hectares pour la biodiversité (étang, bois), 1 Hectare de verger, un demi pour les poules pondeuses, et 3500 m² de bâtiments (logement, ateliers de transformation et stockage). Un espace test agricole est également prévu, dans l’objectif d’accueillir 5 couvé.e.s par an.

Schéma prévisionnel de la ferme de l'envol

La production de la ferme sera distribuée via plusieurs canaux : les groupes AMAP, qui représentent environ 50 % du volume de l’activité maraîchage, les partenaires fondateurs (restaurateurs et transformateurs), la vente à la ferme et la restauration collective.

Eric et Laurent sont paysans en AMAP depuis plus de dix ans, leurs groupes fonctionnent bien, ils ont envie de s’associer pour améliorer le mode de production et rendre leur ferme plus résiliente en mutualisant les moyens et les terres.
Leurs groupes respectifs, l’un à Longpont donc et l’autre à Vanves, les suivent. Anaïs vient les rejoindre et prend en charge un groupe qui se crée sur place : l’AMAP du Blutin.
Les Paniers de Longpont décident ainsi non seulement d’accompagner leur paysan dans son projet, mais aussi le groupe qui se crée à Brétigny, assurant par là l’essaimage du modèle AMAP. C’est beau !
En 2018, les paysans obtiennent l’autorisation de cultiver les terres et font les premiers tests (patates et courges) : la qualité de la terre est exceptionnelle, les rendements impressionnants.
La construction du système d’irrigation et des premières serres doit débuter ce printemps, premières récoltes prévues au printemps 2020.
Plantation de courges en 2018

Un nouveau modèle mixte

La structure juridique de la Ferme, qui associe les groupes AMAP et les autres partenaires fondateurs, est inédite.
D’une part une SCOP (Société Coopérative et Participative) qui rassemble les paysans producteurs, qui détient le bail des terres et qui se charge de la production.
De l’autre une SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) qui achète la totalité de sa production à la SCOP, en assure la commercialisation, et supporte tous les investissements.
Ce montage permet d’éviter aux paysans de prendre tous les risques financiers, et ils sont importants puisque la somme totale empruntée et garantie par la collectivité avoisine les 6 millions d’euros.

Au sein de la SCIC, des collèges représentent tous les acteurs du projet :
Les paysans (30 % ), les partenaires fondateurs et les trois groupes AMAP (30%), les collectivités (20%), les investisseurs (10%) et les citoyens engagés (10%). Les deux premiers groupes ont chacun deux sièges au Conseil d’Administration, les suivants, un seul. Dans le collège partenaires, les trois groupes AMAP sont représentés et ont chacun une voix. C’est un amapien des Paniers de Longpont qui siégera au premier CA. Laurent préside la SCIC, Anaïs la SCOP.
La SCOP est créée, la SCIC le sera le 18 avril prochain.

L’avantage de cette structure réside principalement dans la séparation des risques pour les producteurs et dans l’autonomie qu’ils conservent pour leur plan de production. Les risques financiers sont assurés par la SCIC, sans mettre en danger la SCOP qui elle possède le bail rural.
En plus du maraîchage, la ferme assure une production céréalière et de l’élevage, elle a donc vocation à accueillir d’autres partenaires.
La principale innovation de ce modèle est de mélanger différents types de distribution : AMAP, restauration collective, restaurants, conserverie, tout en maintenant un « principe amapien ». En effet, les partenaires s’engagent sur l’achat au préalable de la production, et le partage des risques liés aux aléas climatiques et de production. Même si les plans de production destinés à des restaurants ne seront pas identiques à ceux des groupes AMAP, ce sont les mêmes principes de base qui s’appliquent.

A partir de 2020, les amapiens signeront donc un contrat avec la SCIC, qui comprendra les mêmes engagements que dans un partenariat classique (préfinancement, solidarité face aux aléas, présence aux livraisons), chaque paysan conservant « son » groupe.
Selon un accord entre les partenaires, le prix des parts de récolte des groupes AMAP correspond bien au coût de production, mais les restaurateurs et transformateurs qui demandent des légumes lavés paient un peu plus cher. Ces partenaires ont d’ailleurs bien compris les principes AMAP puisqu’ils viennent d’accepter de préfinancer 500 000 euros de serres.

Alors voilà, si cette aventure vous intéresse, si vous voulez en savoir plus ou prendre une part dans la SCIC au sein du collège des citoyens pour soutenir ce projet inédit et innovant, n’hésitez plus et contactez Franck à cette adresse : paniers.longpont@gmail.com

Par Maud, amapienne et administratrice du Réseau