19 déc 2019

Portrait : Catfish Tomei, ou comment faire déferler la vague généralisée des victoires citoyennes

Catfish ne révélera officiellement le mystère de son prénom que lorsque sera votée la loi de la Sécurité Sociale Alimentaire. Tenez-vous le pour dit. Et passons à la suite.
Après une enfance moitié urbaine, moitié rurale entre Montreuil et un petit village non loin de Langres (52), Catfish a rejoint les bancs de Sciences Po Paris pour un Master en Stratégies Territoriales et Urbaines.

Son diplôme en poche, il travaille quelques temps dans l’urbanisme, puis devient collaborateur d’élu.es au sein de la Fédération Nationale des élus Socialistes Républicains : une sorte de cabinet politique des élu.es sans cabinet politique. En 2014, la gauche a réussi le coup de force d’être majoritaire dans les villes, les régions et au Sénat, il y a donc du pain sur la planche. Mais après le vote du CICE, Catfish renonce à défendre cette gauche-là, et assiste à sa défaite.

En 2015, de retour dans le dijonnais, il fonde une association de protection des abeilles. La structure baptisée Projet Apis Sapiens implante des ruchers pédagogiques en zone rurale et périurbaine pour fabriquer des îlots de biodiversité et de convivialité. Grâce à un crowdfunding triomphant, record de la Champagne Ardennes (16000 euros récoltés auprès de 289 personnes pour « Financer la vie sur terre » !), l’association organise la Fiest’Abeilles, qui allie concerts, marché de producteurs et conférences autour de la sauvegarde des abeilles et qui continue de se dérouler chaque année, attirant à chaque fois un ou deux milliers de personnes.

En 2016, Catfish devient entrepreneur et fonde MythMakers, qui a pour vocation de créer un écosystème d’entraide entre créateurs de projets. L’idée, avec ses sept associé.es, est de mettre en réseau ceux et celles qui ont les idées et ceux et celles qui peuvent les aider à les réaliser. L’entreprise, qui se développe pendant trois ans, est finalement obligée de mettre la clé sous la porte après le retrait du principal partenaire bancaire du projet.

De retour à Paris, Catfish est bien décidé à reprendre ses combats et à s’épanouir dans les luttes qui lui tiennent à cœur. Il met ses dernières économies dans le loyer d’un appartement et vit de missions free-lance le temps de trouver le poste qui lui remettra le pied à l’étrier de l’engagement. C’est sur ces entrefaites qu’il tombe sur l’offre du Réseau pour un poste de chargé de mobilisation consacré à la campagne des municipales et présente, avec ardeur, sa candidature.

Amapien pendant deux ans à Dijon, il admire la capacité du système AMAP à construire un projet de lien, entre ceux qui mangent et ceux qui cultivent, entre les membres du groupe, entre la ville et les champs, et le tout en revendiquant la liberté et l’autonomie pour tous. Il aime l’idée que les AMAP incarnent un projet écologique populaire, qui défend l’accès pour tous à une alimentation de qualité, et qui produit un impact réel. Depuis que les AMAP existent et se développent, des gens mangent local et de saison, des paysan·ne·s vivent bien de leur travail, des hectares sont travaillés dans le respect du vivant. Tout cela, c’est du réel, c’est pas seulement pour faire joli sur le papier. Pour lui, en somme, le mouvement des AMAP allie le philosophique et l’humain, le combat écologique et les progrès matériels.

Ses ambitions pour les municipales : que cette campagne soit un vrai moment de déploiement et d’épanouissement du débat public, que toutes les organisations qui y participent avec le Réseau en ressortent grandies et blindées d’énergie, que la réappropriation citoyenne de l’agriculture et de l’alimentation devienne une évidence, que la paysannerie triomphe sur le règne de l’argent et du béton, que notre discours devienne audible.

Quand Catfish s’engage pour l’intérêt commun, c’est toujours pour gagner. La victoire qu’il vise n’est pas seulement politique, elle est citoyenne. C’est une bataille culturelle, qui doit inspirer toutes celles et ceux qui s’impliquent localement pour combattre les logiques technocratiques de la croissance infinie. Catfish, quand on s’est parlé, venait juste d’interviouver Bernard Loup, chef d’orchestre du Collectif pour le Triangle de Gonesse, sorti victorieux de son combat de presque dix ans contre le projet Europacity. Eh bien, croyez-moi, on pouvait sentir le transfert d’énergie !

Par Maud, administratrice du réseau

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