28 oct 2019

Portrait : Nicolas Laurent, fondateur de la 1e AMAP francilienne et 1e salarié du réseau AMAP IdF

Entre deux trains, Nicolas nous a fait le plaisir d'une petite visite, pour rencontrer celles et ceux qui lui ont succédé au sein du réseau, et prendre des nouvelles du mouvement. 
L'occasion pour nous de lui poser quelques questions !

Qui es-tu, Nicolas Laurent ?

Je m’appelle Nicolas, fondateur de la première AMAP en IdF et du réseau IdF, et actuellement coach et artiste en Chine.

Comment es-tu entré dans le monde des AMAP ?

Après des études d’agronomie, déçu par l’enseignement prodigué qui n’abordait pas l’agriculture bio (« truc de niche », « truc pour les riches »), je suis allé faire du bénévolat chez Terre et Humanisme, et j’y ai découvert les AMAP avec le premier dossier réalisé par ATTAC. A l’époque (2002) il n’en existait qu’une, en PACA, et une autre était en création en Midi Pyrénées. J’ai du coup réalisé mon stage de fin d’études chez Alliance PEC (paysan écologiste consommateurs) en 2003 pour creuser cette question : j’étais chargé d’accompagner les projets de création d’AMAP et de créer un guide sur les AMAP. En parallèle, je rencontre les Vuillon [couple de paysan.ne.s à l’origine de la première AMAP française en PACA], et je crée une AMAP à Pantin, d’où je suis originaire.

Et de cette première AMAP né le réseau ?

La dynamique prend vite en Ile-de-France, on organise rapidement une première réunion entre des paysan·ne·s et des amapien·ne·s, et on décide de créer un réseau régional pour se structurer, se rassembler, se soutenir. Je me mets à chercher des financements et bingo ! Le sujet doit plaire, parce qu’à une époque où les financements se font rares, tous les dossiers présentés sont plébiscités par les financeurs, et notamment le Conseil Régional, à l’époque dirigé par les verts, séduits par ce concept idéaliste qui avait poussé loin la question d’engagement. Mon poste est pérennisé sous forme d’un emploi jeune, et je reçois même des appels pour nous proposer des financements !

En plus, à l’époque, se crée l’AMAP Radio France, qui nous fait de la super comm’ en diffusant des reportages presque toutes les semaines.

A partir de là, je me mets à penser un plan de développement sur 5 ans, incluant notamment l’accueil et la formation de futur.e.s agriculteur.rice.s et de futur.e.s amapien.ne.s. A l’époque, j’étais aussi administrateur de Terre de Liens (TDL) national : en réponse à la problématique du foncier dans la région, je propose la création de TDL IDF. Un petit copier-coller des dossiers de financements AMAP et hop, l’association régionale est créée et un poste est financé !

Des anecdotes à nous raconter sur cette période ?

Je me souviens que juste avant de commencer la création du réseau, j’avais participé à la réunion des anciens élèves de mon école d’agro, à Paris. Quand j’avais présenté le projet, on m’avait répondu « ça marchera jamais, faut aller à Carrefour ». Et deux ans après, un de mes profs principaux tombe sur le reportage sur les AMAP qui occupait une double page du journal l’Humanité et me propose de venir parler aux élèves de l’école d’ingénieur où j’étais considéré comme un extraterrestre 2 ans avant !

10 ans après, ton regard sur le réseau et les AMAP ?

Je suis super content de voir que ça s’est développé autant, pour un projet qui initialement été très peu connu et qui est devenu une référence dans les milieux associatifs et écologistes. Par contre, j’avais imaginé un réseau sans salarié : dans mon idée, j’amorçais la dynamique et ça roulait tout seul (mais quand je vois tout ce qui est fait aujourd'hui, je suis content que ça se soit passé comme ça)

Je ressens un peu de fierté, aussi, quand même, pour un projet porté à bout de bras au démarrage. Plein de souvenirs me reviennent ; les premières solidarités des amapiens lors des intempéries, un agriculteur qui nous dit qu’il aurait sans doute mis fin à ses jours sans les AMAP…

A l’époque, on manquait d’agriculteurs, alors on allait voir les écoles pour dire « vous nous filez un gars motivé et on lui garantit un revenu ». On a pensé un système idéal mais on n’a pas voulu rester dans les paroles.

Les problématiques qui naissaient sont aussi les vôtres aujourd’hui. On commençait notamment à avoir des contacts avec des paysans non franciliens, et on se posait les questions de la distance. Comment leur dire « non on ne contractualise pas avec vous mais on vous aide à créer localement » ?

J'aimerai exprimer ma profonde gratitude pour la confiance que m'ont donnée les paysans et consom'acteurs de la première heure pour la mise en place du réseau, et un grand merci a l'équipe actuelle pour continuer ce beau projet de société. Je souhaite aux AMAP de continuer a changer le monde comme nous avons commence à le faire et continuerons de le faire, tous ensemble, partage de récolte après partage de récolte.

Merci à Nicolas pour son passage à Montreuil, et bien sûr… pour tout le reste !

Nicolas Laurent interviewé par Mathilde, salariée du réseau

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